La critique ciné : Le soliste
Le soliste (The Soloist)
Réalisé par Joe Wright
Dans les salles depuis le 23 décembre
Le pitch : Steve Lopez est dans une impasse. Le journal pour lequel il travaille est en pleine crise, son mariage est un échec, et le temps où il aimait son métier de journaliste est bien loin. Et puis un jour, dans la rue, il entend de la musique. Un étrange vagabond, Nathaniel Ayers, joue de toute son âme, et même si son violon n'a que deux cordes, une émotion unique surgit. Pour Steve, l'étonnant violoniste est d'abord un bon sujet pour sa chronique, et il va peu à peu percevoir tout le mystère qui entoure ce personnage. Le journaliste décide de sortir Ayers de la rue et de le rendre au monde de la musique. Alors qu'il s'acharne à sauver la vie de ce sans-abri hors norme, Steve Lopez se rend peu à peu compte que c'est finalement Ayers qui, à travers sa passion dévorante, son obstination à rester libre et ses tentatives courageuses pour nouer des liens avec les autres, va profondément le changer...
Bienvenue dans le sud de Los Angeles, magnifique lieu de villégiature où se concentrent les 90 000 sans-abris de la ville et où les hommes divorcés se pavanent à longueur de journée dans des baskets horribles. C'est le décor dans lequel se déroule l'extraordinaire rencontre de Steve Lopez, journaliste représenté à l'écran par Robert Downey Jr, avec Nathaniel Ayers, un sans-abri haut en couleur interprété par Jamie Foxx.
Extraordinaire, vraiment?
A lire les critiques parues dans la presse, le sujet du film est tout sauf extraordinaire. Les uns estiment que Wright se perd dans des allers-retours narratifs ronflants, tandis que les autres accusent le film de ne pas être touchant.
Pourtant, malgré quelques petites imperfections, le Soliste s'avère être une vraie petite merveille. La rencontre, filmée d'une manière qui lui rend son caractère insolite et poignant, est sans fioriture et d'une grande beauté... même si paradoxalement, elle n'est pas gagnée au début. De fait, dans les premières minutes du film, Ayers et Lopez ressemblent à deux étrangers qui - en plus de ne pas se comprendre - ne se voient pas. Puis, à mesure que le film se déroule, leur relation prend de l'épaisseur. Et les deux personnages changent pour le meilleur... même si ce meilleur ne ressemble pas à ce qu'ils avaient initialement à l'esprit.
Et l'histoire, alors?
L'histoire? Elle a la beauté de toutes les histoires simples : deux hommes que tout oppose se rencontrent et se donnent quelque chose d'immatériel et d'infiniment précieux sans avoir à se départir de quoi que ce soit. L'histoire, c'est celle de dons gratuits qui vont se révéler réciproques.
Epurée, presque pure, elle mène directement à l'essentiel sous l'oeil consciencieux de Joe Wright ; à la transformation de deux hommes marqués par la vie, qui vont changer par la seule force de leur amitié.
Et si au départ, pour Lopez, devenir meilleur signifie aider quelqu'un à passer d'une condition à une autre (Superman, sors de ce corps!), Ayers lui apprend gentiment puis plus brutalement que la liberté est inaliénable.
Alors pourquoi le Soliste ne séduit pas les foules?
Pourquoi? Peut-être parce que nous ne sommes plus réellement habitués à ce type de films... Pas de coups de feu, pas de violence, pas d'effets spéciaux, pas de pathos, pas d'effets de manche... Wright filme cette amitié sans compromission, en ne l'alourdissant pas d'éléments inutiles. Il ne nous épargne pas non plus la dureté de la vie des sans-abris de la cité des anges, ni les événements qui ont pu contribuer à faire tomber Ayers dans la schizophrénie (la scène où, enfant, il s'arrête un instant de jouer au violoncelle - sa porte de sortie pour une vie meilleure - pour voir passer, dans sa rue, une voiture en feu pendant les émeutes de Los Angeles est absolument extraordinaire. A l'instar de la femme de Lot, changée en statue de sel quand elle se retourne vers Sodome et Gomorrhe en feu, cet événement semble marquer Ayers à tout jamais... et lui fermer insidieusement les portes de Julliard qui l'accueillait pourtant à bras ouverts). Le background dans lequel les personnages évoluent est intelligemment amené, à l'instar de cette courte fenêtre sur l'ouragan Katrina dévastant la Nouvelle-Orléans, subtil parallèle avec le vide qui entoure les deux hommes.
Pourtant dire que tout est parfait dans le Soliste ne serait pas honnête. Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, le face à face entre Robert Downey Jr et Jamie Foxx est un peu décevant. Problème d'ego? Animosité entre les deux hommes? La raison de ce manque d'alchimie m'échappe mais malheureusement, elle se ressent. Pendant la première moitié du film, les deux hommes jouent côte à côte et pas ensemble. Et c'est dommage. Car une interprétation moins autocentrée de Jamie Foxx (Robert Downey Jr est d'une justesse incroyable de la première à la dernière minute) aurait permis au film de prendre une autre dimension... et ne lui donnerait pas des faux airs de version améliorée du téléfilm de l'après-midi de TF1.
Mon avis : Plutôt pas mal. Je dirais même pas mal du tout. Je dirais même... bien sur toute la deuxième moitié.
(avec une mention spéciale pour cette scène où, pendant qu'ils assistent à un concert, l'écran devient noir et est parcouru d'explosions de couleur façon Ratatouille quand il savoure un bon morceau... où Windows Media Player version psychédélique!)
Réalisé par Joe Wright
Dans les salles depuis le 23 décembre
Le pitch : Steve Lopez est dans une impasse. Le journal pour lequel il travaille est en pleine crise, son mariage est un échec, et le temps où il aimait son métier de journaliste est bien loin. Et puis un jour, dans la rue, il entend de la musique. Un étrange vagabond, Nathaniel Ayers, joue de toute son âme, et même si son violon n'a que deux cordes, une émotion unique surgit. Pour Steve, l'étonnant violoniste est d'abord un bon sujet pour sa chronique, et il va peu à peu percevoir tout le mystère qui entoure ce personnage. Le journaliste décide de sortir Ayers de la rue et de le rendre au monde de la musique. Alors qu'il s'acharne à sauver la vie de ce sans-abri hors norme, Steve Lopez se rend peu à peu compte que c'est finalement Ayers qui, à travers sa passion dévorante, son obstination à rester libre et ses tentatives courageuses pour nouer des liens avec les autres, va profondément le changer...
Bienvenue dans le sud de Los Angeles, magnifique lieu de villégiature où se concentrent les 90 000 sans-abris de la ville et où les hommes divorcés se pavanent à longueur de journée dans des baskets horribles. C'est le décor dans lequel se déroule l'extraordinaire rencontre de Steve Lopez, journaliste représenté à l'écran par Robert Downey Jr, avec Nathaniel Ayers, un sans-abri haut en couleur interprété par Jamie Foxx.
Extraordinaire, vraiment?
A lire les critiques parues dans la presse, le sujet du film est tout sauf extraordinaire. Les uns estiment que Wright se perd dans des allers-retours narratifs ronflants, tandis que les autres accusent le film de ne pas être touchant.
Pourtant, malgré quelques petites imperfections, le Soliste s'avère être une vraie petite merveille. La rencontre, filmée d'une manière qui lui rend son caractère insolite et poignant, est sans fioriture et d'une grande beauté... même si paradoxalement, elle n'est pas gagnée au début. De fait, dans les premières minutes du film, Ayers et Lopez ressemblent à deux étrangers qui - en plus de ne pas se comprendre - ne se voient pas. Puis, à mesure que le film se déroule, leur relation prend de l'épaisseur. Et les deux personnages changent pour le meilleur... même si ce meilleur ne ressemble pas à ce qu'ils avaient initialement à l'esprit.
Et l'histoire, alors?
L'histoire? Elle a la beauté de toutes les histoires simples : deux hommes que tout oppose se rencontrent et se donnent quelque chose d'immatériel et d'infiniment précieux sans avoir à se départir de quoi que ce soit. L'histoire, c'est celle de dons gratuits qui vont se révéler réciproques.
Epurée, presque pure, elle mène directement à l'essentiel sous l'oeil consciencieux de Joe Wright ; à la transformation de deux hommes marqués par la vie, qui vont changer par la seule force de leur amitié.
Et si au départ, pour Lopez, devenir meilleur signifie aider quelqu'un à passer d'une condition à une autre (Superman, sors de ce corps!), Ayers lui apprend gentiment puis plus brutalement que la liberté est inaliénable.
Alors pourquoi le Soliste ne séduit pas les foules?
Pourquoi? Peut-être parce que nous ne sommes plus réellement habitués à ce type de films... Pas de coups de feu, pas de violence, pas d'effets spéciaux, pas de pathos, pas d'effets de manche... Wright filme cette amitié sans compromission, en ne l'alourdissant pas d'éléments inutiles. Il ne nous épargne pas non plus la dureté de la vie des sans-abris de la cité des anges, ni les événements qui ont pu contribuer à faire tomber Ayers dans la schizophrénie (la scène où, enfant, il s'arrête un instant de jouer au violoncelle - sa porte de sortie pour une vie meilleure - pour voir passer, dans sa rue, une voiture en feu pendant les émeutes de Los Angeles est absolument extraordinaire. A l'instar de la femme de Lot, changée en statue de sel quand elle se retourne vers Sodome et Gomorrhe en feu, cet événement semble marquer Ayers à tout jamais... et lui fermer insidieusement les portes de Julliard qui l'accueillait pourtant à bras ouverts). Le background dans lequel les personnages évoluent est intelligemment amené, à l'instar de cette courte fenêtre sur l'ouragan Katrina dévastant la Nouvelle-Orléans, subtil parallèle avec le vide qui entoure les deux hommes.
Pourtant dire que tout est parfait dans le Soliste ne serait pas honnête. Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, le face à face entre Robert Downey Jr et Jamie Foxx est un peu décevant. Problème d'ego? Animosité entre les deux hommes? La raison de ce manque d'alchimie m'échappe mais malheureusement, elle se ressent. Pendant la première moitié du film, les deux hommes jouent côte à côte et pas ensemble. Et c'est dommage. Car une interprétation moins autocentrée de Jamie Foxx (Robert Downey Jr est d'une justesse incroyable de la première à la dernière minute) aurait permis au film de prendre une autre dimension... et ne lui donnerait pas des faux airs de version améliorée du téléfilm de l'après-midi de TF1.
Mon avis : Plutôt pas mal. Je dirais même pas mal du tout. Je dirais même... bien sur toute la deuxième moitié.
(avec une mention spéciale pour cette scène où, pendant qu'ils assistent à un concert, l'écran devient noir et est parcouru d'explosions de couleur façon Ratatouille quand il savoure un bon morceau... où Windows Media Player version psychédélique!)