La Master Class cocori-kof kof kof

Publié le par Audie

travail-acteur-2.jpgLe métier d'acteur est un métier vraiment fascinant. Seulement, avec la horde de films qui sortent chaque semaine (et dans lesquels on retrouve à boire et à manger), il n'est pas toujours facile de se concentrer sur leurs techniques, leurs trucs et astuces pour entrer dans un rôle, l'étoffer, le nourrir, l'épaissir, avant de s'en défaire et de donner vie au suivant. Heureusement, des émissions de télévision et des magazines parviennent à distiller quelques informations croustillantes sur ce métier alléchant, et des rencontres sont organisées avec les artistes themselves pour qu'ils nous donnent l'occasion de toucher  du (bout du) doigt leur univers particulier.

Je m'étais déjà attachée dans ce blog à présenter une "Master Class" Vanity Fair que j'avais trouvée très intéressante et hautement flatteuse pour les acteurs qui avaient joué le jeu. Et par un souci d'équité, je m'étais presqu'aussitôt mise en quête, dans les médias français, d'une sorte de "pendant" à ces happenings réguliers organisés par les magazines ciné américains. Mes pérégrinations m'avaient menée vers plusieurs magazines et sites internet ciné avant de tomber sur le site du Forum des Images de Paris (aux Halles pour ceux que ça intéresse) et leurs Master Classes.
Quelle ne fut pas ma surprise de voir que James Lipton avait un avatar français répondant au doux nom de Pascal Mérigeau, critique de son état ! Avidement, je me mis à passer en revue les personnalités qui avaient répondu à son invitation (Isabelle Huppert, Jacques Audiard, Claude Miller, Gérard Depardieu, entre autres), espérant ainsi rédiger un post un chouille chauvin à la gloire de l'exception culturelle française. Je cliquais donc sur le résumé en image du dernier réalisateur à avoir répondu aux questions de Pascal Mérigeau et là... patatras.

Pas que je m'attendais à voir une réplique de "Inside the Actors Studio", je pense que nous avons assez d'imagination pour ne pas recopier platement ce que font nos confrères d'outre-Atlantique, cependant j'espérais pour sûr voir quelque chose de bien plus dynamique que ce qui est retranscrit dans les vidéos DailyMotion. Car dans un élan de générosité immense (roo, ça va, je rigole!), je voulais vous faire partager l'expérience de joyeux lurons qui ont eu la chance de rencontrer monsieur Francis Ford Coppola (je vous l'accorde, il n'est pas français, mais passons). Malheureusement, au bout de dix minutes hautement soporifiques, j'ai abandonné et la vidéo et mon idée. Peut-être était-ce la faute à son micro qui ne fonctionnait pas bien, peut-être avait-il un début de grippe A ou peut-être ai-je sélectionné la pire vidéo de toutes les Master Classes animées par Pascal Mérigeau (j'admets ne pas avoir retenté l'expérience), quoi qu'il en soit, il s'agissait sans conteste de l'une des vidéos les plus ennuyeuses que j'eus jamais vu de ma vie (une très très longue vie de 26 ans à se demander pourquoi on n'arrive pas à mettre un peu plus de funk dans nos émissions et rencontres culturelles...).

crazyheart jeff-bridgesDu coup, je me suis tournée vers ma bible ciné, Vanity Fair, où j'ai dégoté une interview aux petits oignons de Jeff Bridges (ouais, le même que je n'avais pas reconnu trois posts auparavent), dans laquelle il distille quelques infos sur la manière dont il approche son métier d'acteur. Extraits :

Krista Smith : Comment avez-vous appréhendé le personnage de Bad Blake?

Jeff Bridges : Pratiquement de la même manière que celle avec laquelle j'appréhende tous mes personnages : vous regardez en vous. C'est la première personne avec qui vous devez travailler. Quels sont les aspects de vous-même qui coïncident avec ceux du personnage? Vous grossissez ce trait et les aspects qui ne lui correspondent pas, vous les repoussez le plus possible. J'ai écrit des titres et fait des concerts depuis que je suis tout petit, depuis mes 14 ans, donc c'était une expérience personnelle dans laquelle je pouvais puiser. (...) Et les aspects de moi qui ne s'accordaient pas à ceux de Bad, je les ai mis de côté, comme, j'imagine, mon enfance. Mes parents m'ont beaucoup nourri et étaient de merveilleux exemples de la manière dont il fallait vivre sa vie. J'ai vraiment eu de bonnes bases. Je ne pense pas que Bad ait eu cette chance.
(...) Et parmi mes plus proches amis, je me suis également inspiré de T-Bone et de Stephen Burton, qui crazyheart jbmga vraiment été un modèle parce qu'il vit vraiment cette vie [de musicien country] (...) Il conduisait de grande artère à grande artère. "Tu sais, quand je parcours de longues distances, je ne m'arrête pas pour pisser, j'utilise cette bouteille..." [raconte Jeff Bridges]. Tous ces petits détails viennent de Stephen. Ces choses que je porte autour de cou, tout ça venait de lui. Alors que pour moi, c'était de vagues bijoux de surfer.

Peut-être que c'est là que vous commencez avant de tourner. Vous lisez ce que les gens disent sur votre personnage. Et ensuite, je compte sur le réalisateur pour m'aider à dépasser tout ça. Je n'ai pas d'idées préconçues. Je fais mon possible pour mettre l'opinion du réalisateur avant la mienne.

Krista Smith : Est-ce que ça fonctionne toujours?

Jeff Bridges : Pas toujours, mais 99 pour cent du temps...

Bien que cette méthode puisse paraitre classique, je trouve intéressant la manière dont les acteurs racontent comment leurs expériences personnelles et comment leurs rencontres peuvent leur permettre d'étoffer un rôle. Ils prennent une matière plutôt brute et relativement accessible, s'en imprègnent, et le transforme en quelque chose de tout nouveau qui va leur permettre de donner chair à un personnage.
Dans cette interview, Jeff Bridges raconte d'ailleurs à quel point chaque tournage est vanant, tant il nécessite de puiser dans "ses réserves" (émotionnelles). Et lui qui se jure à chaque fois de ne plus signer replonge à chaque fois... pour notre plus grand plaisir.
La suite de l'interview (pour ceux qui lisent l'anglais) se trouve sur le site de Vanity Fair.

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Jeff Bridges sera le 3 mars prochain dans les salles avec Crazy Heart, aux côtés de Mary Gyllenhaal. Sa prestation dans le film lui a valu une nomination aux Golden Globes dans la catégorie "Meilleur acteur dans un film dramatique".


PS: allez tout de même voir Tetro, je suis sûre qu'il est fantastique ! Depuis le 23 décembre au cinéma.

 

Publié dans Acteurs - Actrices...

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